Jalon culte, parmi beaucoup d'autres, du slasher, Le Jour des fous est à la fois l'un des derniers fleurons de son âge d'or et la marque d'une décadence bien entamée. Totalement branque, crétin et gratuit... forcément un énorme succès en vidéo club.
Le début des années 80 a connu une forme de frénésie des producteurs, distributeurs et petits artisans autour d'un genre horrifique peu coûteux, parfaitement calibré et directement pensé pour le public adolescent : le slasher. Un genre qui en plus a rapidement eu tendance, merci Halloween et Vendredi 13, à s'amuser de quelques particularités des fêtes traditionnelles et des dates anniversaires. Pas si étonnant alors qu'en 1985 deux productions s'apprêtent à sortir sous le même titre : April Fool's Day. Un petit tour de passe-passe, un petit billet glissé sous la table, et la production Paramount mollassonne réalisée par Fred Walton gagne le droit de préserver le titre (mais deviendra Weekend de Terreur par chez nous), alors que la petite péloche fauchée en question ici devra se contenter d'un Slaughter High beaucoup plus bourrin et générique. Dommage pour ce dernier puisqu'en plus d'être largement plus recommandable, il est celui des deux qui investissait le plus le cadre initiale. En l'occurrence cette fameux journée « comment vas-tu-yau-de-poêle », grand moment d'humour léger et de farces délicates qui est l'occasion pour un groupe de jeunes et beaux étudiants d'humilier le pauvre Marty, avant de provoquer cruellement, mais par accident, une défiguration irréversible.
Vingt minutes de comédie estudiantine tournée au vitriol, assez sadique et étonnamment frontale (et pas que pour la nudité du pauvre garçon), qui pose une atmosphère plus dérangeante que la moyenne, tout en s'engouffrant dans la tradition de la vengeance tardive déjà exploitée par Carnage, Le Monstre du train, Le Bal de l'horreur ou.... Vendredi 13 bien entendu. Une saga a laquelle une partie de l'équipe technique et surtout le compositeur Harry Manfredini ont bel et bien collaboré, et à laquelle ils ne se refusent pas un petit clin d'œil (outre une belle tagline promotionnelle sur l'affiche et la jaquette). Bref du grand traditionnel avec son casting de jeunes crétins que l'on retrouve quelques années après, frais et dispos pour se faire éliminer un à un par un tueur au masque d'arlequin bien flippant dans le décors délabré d'un lycée désormais abandonné. Poursuites dans les couloirs, montée en tension, petits effets d'éclairages légèrement gothiques... Slaughter High séduit cependant surtout pour ses nombreuses sorties de routes. Quelles soit totalement volontaires avec des meurtres plutôt féroces et gores (la bière qui fait exploser les tripes hors du bide, la tondeuse à gazon...), un humour noir réjouissant (l'orgasme à 10000 volts) ou par l'absurdité constante du produit, entre une troupe de jeunes acteurs totalement hystérique, des dialogues d'une bêtise vertigineuse et des situations hors de toute logique humaine. Le summum étant atteint lorsque l'une de ses demoiselles, recouvertes de sang soit, ne trouve rien de mieux, alors qu'un assassin rôde dans les lieux, de s'offrir un petit bain pour se détendre. A l'acide soit, mais ça elle ne le savait pas. Et doit-on vraiment évoquer cette brave Caroline Munro, tête d'affiche et futur épouse de l'un des trois réalisateurs (oui ils sont trois !), qui avec sa trentaine bien tassée essaye de se faire passée pour un gamine à peine majeure ?
Stupide, Slaughter High l'est assurément, mais semble lui-même s'en amuser ou du moins l'assumer, se donnant alors parfois des airs de semi-parodie qui marque bien que le genre est déjà arrivé à la fin d'un cycle. Découvert pour la plupart dans les rayons honteux du vidéoclubs du quartier, le métrage fonctionne toujours aussi parfaitement comme un divertissement « trop bon trop con ». A déguster avec une bonne bibine et beaucoup de second degré.




