Architecte du succès de l'univers DC sur le petit écran (Arrow, The Flash, Supergirl, Legends of Tomorrow), la chaîne The CW se prend son premier véritable gadin avec Batwoman et son insupportable super-héroïne, porte-étendard du pire de la culture woke.
Création plutôt récente (2006) du Batverse, Batwoman est née de la plume et du crayon du quintet Geoff Johns/Grant Morrison/Greg Rucka/Mark Waid/Keith Giffen et n'offre que très peu de ressemblances avec la Batwoman du long-métrage animé de 2003, Batman : Mystery of the Batwoman. Déjà très peuplées en figures féminines mémorables, les rues de Gotham City semblaient prêtes à ne faire qu'une bouchée de la nouvelle venue. Surprise, la ténacité des auteurs a fini par payer et Batwoman s'est peu à peu constituée une fan-base solide, séduite par l'indépendance du personnage, plus proche de Nightwing que de son illustre aînée Batgirl. Ouvertement homosexuelle, la cousine de Bruce Wayne fit même sensation en demandant la main de sa petite amie Maggie Sawyer dans un numéro spécial. Une consécration et un exemple à suivre.
Soucieuse d'élargir son public et de prouver sa bonne volonté envers la communauté LGBT, dont la représentation dans le genre super-héroïque demeure bien trop marginale, CW ne pouvait qu'offrir sa chance à Batwoman. D'abord en tant que guest star dans le crossover événement « Elseworlds », histoire de tester sa popularité, puis en lui consacrant sa propre série. Malheureusement, entre une première saison à la production chaotique et aux critiques mitigées et une seconde handicapée par le départ fracassant de l'actrice principale Ruby Rose, les rumeurs vont aujourd'hui bon train sur une annulation en bonne et due forme, au mieux à l'issue d'une troisième saison déjà très incertaine. Un mal pour un bien, Batwoman méritant bien mieux que ce show hideux et très mal écrit.
Dès son épisode pilote, la série développée par Caroline Dries cumule les choix hasardeux. Craignant sans doute que leur héroïne ne paraisse pas suffisamment lesbienne et inclusive aux yeux des redresseurs de torts 2.0 qui traînent sur les réseaux sociaux, les scénaristes grossissent volontairement le trait et transforment Kate Kane en une caricature involontaire de la justicière « pas comme les autres ». Garçon manquée, indisciplinée, filiforme mais physiquement imbattable (même face à des mecs pesant plus de 100 kg de muscles, ses 40 kg d'anorexie soigneusement étudiée font des miracles!) et ne perdant jamais une occasion de préciser qu'elle préfère les filles même si personne ne le lui demande, Batwoman n'est donc jamais crédible. Et comme si cela ne suffisait pas, TOUS les personnages masculins sont des incapables, ce qui pose de sacrés problèmes de cohérence, notamment dans le cas des personnages campés par Camrus Johnson et un Dougray Scott léthargique. Le premier est Luke Fox (fils de Lucius Fox, joué par Morgan Freeman dans la trilogie de Christopher Nolan) et le gardien des secrets de Batman, secrets qu'il révèle en quelques minutes seulement après que Kate lui ait (mollement) botté le cul. Le second est un ex-militaire qui dirige une compagnie de sécurité protégeant Gotham en l'absence du Chevalier Noir mais vu qu'il exhibe à peu près autant d'énergie et de perspicacité qu'un fumeur de beuh devant une rediffusion de Des Chiffres et des Lettres, on peut légitimement se demander ce qu'il fout là.
On pourrait aussi vous parler d'une méchante qui surjoue la moindre ligne de dialogue à en faire rougir de jalousie un Eddie Redmayne sous cocaïne, d'une direction artistique digne des Feux de l'Amour (mention spéciale au premier costume de Batwoman et sa cagoule hydrocéphale) et de scènes d'action se résumant à d'interminables jeux de jambes façon Cirque du Soleil. On pourrait encore en rajouter mais vous avez déjà compris et vous venez de passer votre chemin.


