Après Big Little Lies, Nicole Kidman retrouve David E. Kelley et les détours de la bourgeoisie américaine pour un nouveau thriller criminel où les résolutions se font moins au tribunal que dans les salons cossus. Avec un invité de marque : Hugh Grant en suspect idéal et époux parfait.
Après avoir été le maître des séries judiciaires durant les années 90/2000 avec des programmes aussi célèbres que The Practice et Ally McBeal, David E. Kelley a récemment retrouvé la voie du succès avec le drame / mystère sinueux Big Little Lies maniant avec férocité les jalons de l'enquête criminelle et la description ironique d'une classe américaine trop confiante dans ses atours luxueux. Adapté du roman Les Premières Impressions de Jean Hanff Korelitz, les premiers épisodes de The Undoing semble clairement s'engouffrer dans le même sillon en mettant en parallèle la mort d'une étrange et fragile mère de famille de classe moyenne (la sensuelle et troublante Matilda De Angelis), et la description chaleureuse d'une famille new-yorkaise huppée, certes aisée mais, en apparence, extrêmement bienveillante et éclairée. Le lien tient dans une école privée de haut standing (une bourse a permis à la première d'y inscrire son fils) et son indispensable comité des parents d'élèves où le copinage n'est souvent que de façade. Très très ressemblant, mais c'est presque à dessin puisque l'astuce du scénariste va être de dépouiller peu à peu ses personnages et sa trame centrale de tous les apparats précités, et même de sa fibre première de drame social.
Alors que l'étau se resserre sur un maris fuyant et que tout l'incrimine, l'école devient une ennemis, les amies disparaissent du tableaux, et même les flics trop curieux finissent par prendre de la distance, ne laissant finalement que la famille de Grace Sachs se dépêtrer avec ses mensonges, ses secrets et les indices troublants sur lesquels on ne voulait jamais attarder le regard. Un dispositif qu'a parfaitement compris la réalisatrice Susanne Bier (After The Wedding, Bird Box) qui va lentement mais sûrement arracher toute chaleur à un New York élégant et habité, pour le transformer en décors glacé de film neo noir et le doter d'une atmosphère pesante. Mais si The Undoing s'avère aussi prenant, accrochant le spectateur sans faiblir pendant les six épisodes d'une heure, c'est autant pour son enquête et l'attende de la résolution (relativement classique et entendue finalement) que pour les prestations redoutables d'un casting de très haute stature. Toujours aussi impressionnant de voir comment, malgré une chirurgie esthétique figeant une partie de son visage Nicole Kidman réussit à donner une épaisseur considérable à cette épouse tiraillée et abandonnée. Surtout que du coté masculin on parle d'un impitoyable Donald Sutherland en patriarche puissant et un inattendu Hugh Grant, jouant autant de son irrésistible humour pince-sans-rire, que d'une fibre plus tortueuse et impénétrable qui lui va, finalement, à merveille. Pas forcément la série du siècle soit, mais un programme impeccable de bout en bout, solidement charpenté, admirablement écrit et magnifiquement interprété. Cela vaut certainement le détour.



