Quelles étaient belles ces années 80 pour les gamins qui aimaient frissonner. Décennie bénie par les célèbres productions Amblin qui donna quelques idées à des productions plus modestes comme The Gate, alias La Fissure, célèbre tentative qui connue ses plus belles heures dans les vidéoclubs de quartier.
Financé dans les frontières canadiennes, mais avec des deniers américains, a une époque où c'était économiquement plus qu'intéressant, The Gate ne cache certainement pas sa volonté de s'engouffrer dans la voie laissée par E.T., Les Goonies, Gremlins, Explorers ou Monster Squad en développant un authentique film d'horreur, aux relents démoniaques, mais pour les gosses. Une louable intention facilité par une première version du scénario de Michael Nankin (aujourd'hui scénariste, réalisateur et producteur sur un nombre impressionnant de grosses séries américaines) qui se montrait à priori beaucoup plus sombre, violente et désespérée et surtout à l'attention des adolescents et adultes. Une légère édulcoration mais qui laisse tout de même quelques traces de souffre et d'horreurs graphiques derrière lorsqu'une apparition paternelle se fait arracher le visage dans un flot de fluides verdâtres, ou qu'un morts-vivants tout à fait convaincant s'attaquent aux jeunes héros. Un petit quelque chose du génial Poltergeist qui fait beaucoup dans le charme que peut dégager The Gate, franchement touchant dans ce croisement assumé de thèmes de cinéma d'exploitation horrifique avec la chronique purement pré-adolescente. Avant de faire apparaitre une porte vers les enfers (ouvertes par inadvertance cela va de soit), The Gate raconteainsi le weekend de Glen (Stephen Dorff âgé de 12 ans et le visage encore poupon), sa sœur Al et le copain Terry dont le weekend « soirée pyjama » va tourner au cauchemar.
Incompréhension entre frère et sœur, difficile passage à l'adolescence pour elle, légendes urbaines contées sous la couettes pour les deux autres, les gamins sont effectivement charmants, convaincants et donnent du corps a une trame un peu fluctuante, parfois maladroite et surtout bourrée d'invraisemblances et de petits raccourcis faciles ("oh tiens le vinyle d'un groupe rock sataniste que j'avais justement dans ma collection personnelle"). Pas aussi calibré que ses modèles, plus proche finalement des délicieusement bordéliques House et House II, The Gate n'est encore une fois pas vraiment une démonstration de force du réalisateur Tibor Takacs qui enchainera avec l'oubliable Lectures diaboliques suivi d'une pelleté de téléfilms indigents. Très discret, il reste au service du film, proposant une mise en scène certainement pas assez soutenue et inventive mais qui a au moins le mérite de mettre constamment en valeur le travail plutôt solide des équipes SFX dirigée par un Randall William Cook ayant déjà œuvré sur The Thing, SOS Fantômes, Vampire, vous avez dit vampire ? ou Poltergeist II. Avec les moyens du bord et beaucoup d'astuces, ils délivrent quelques visions bien marquantes (l'œil qui apparait au centre de la main du héros) en usant des techniques éprouvées comme la stop-motion (le monstre final) ou en sublimant un effet de perspective forcée pour une transformation inédite. Ici celle d'un zombie qui en s'écroulant au sol se démultiplie en une dizaine de petits diablotins de latex, le tout sans images de synthèses et uniquement grâce à un cut de montage et un trompe-l'œil des plus habiles. Une petite prouesse qui a d'ailleurs assurée la pérennité de The Gate dans la mémoire des fansticophiles, et qui souligne un cinéma d'artisan naturellement attachant.



