Sorti en octobre 2016 dans les salles d'Amérique du Nord, Max Steel connaît un échec sans appel et peine à rembourser ne serait-ce que le tiers d'un budget pourtant riquiqui. Un sort plus que mérité pour ce nanar cosmique que l'on tente aujourd'hui de nous refourguer en douce sur le marché français.
Au contraire de son concurrent Hasbro (GI Joe, Transformers), le fabricant de jouets Mattel a toujours eu le plus grand mal à transformer ses produits phares en franchises cinématographiques rentables. La première tentative - et le premier échec - remonte à 1987 et l'adaptation par la Cannon des Maîtres de l'Univers avec Dolph Lundgren dans le rôle de He-Man (plus connu ici sous le sobriquet de Musclor). Comme bon nombre de productions de Menahem Golan et Yoram Globus, Les Maîtres de l'Univers est une drôle de série B avec le cul entre deux chaises, trop bis pour rivaliser avec les blockbusters des gros studios, trop fortunée pour flirter avec le Z rigolo. Ignorant les chiffres du box-office, Cannon se verrait bien remettre le couvert mais Mattel décide sagement de tirer le rideau sur une quelconque séquelle.
Flashforward en 2014. Accompagnées de dessins animés et de bande dessinées d'une qualité plus que douteuse, les figurines Max Steel semblent pourtant avoir le potentiel pour cartonner sur grand écran. Après des débuts orientés vers un public oscillant entre 7 et 10 ans, la franchise a évolué au fil des ans pour draguer les adolescents et se vend bien. Mattel flaire la bonne affaire et rêve à nouveau de cinéma. Avec prudence, toutefois. Avec une enveloppe de 10 petits millions de dollars, la firme refuse de boire la tasse en cas d'accident industriel.
Ecrit par Christopher Yost, l'une des petites mains des productions animées de Marvel (The Avengers : Earth's Mightiest Heroes, entres autres) et mis en scène par le très discret Stewart Hendler (Whisper, Sorority Row), Max Steel cumule un nombre record des pires tares associées au cinéma super-héroïque tel que le pays de l'Oncle Sam le conçoit depuis plus de dix ans. Par où commencer ?
On pourrait aborder le scénario qui, en essayant de piller les Power Rangers et Iron Man, parvient surtout à rendre un hommage confus, laborieux et indigeste à ... J'ai épousé une extra-terrestre et La Soupe aux choux, les VHS pornos et les concours de pets en moins !
On pourrait parler de la mise en image clinquante, incapable d'offrir un découpage convenable et lisible à la moindre scène d'action et qui confond la frénésie avec l'énergie. Il ne serait pas inutile de rappeler aux jeunes cinéastes que Michael Bay, aussi frappadingue soit-il, n'est pas forcément un exemple à suivre.
On pourrait enfin se moquer d'un casting lamentable. Dans la longue liste des belles gueules à charisme d'endive, Ben Winchell est un sacré cas d'école et trimballe pendant 90 minutes une seule expression : celle du quaterback atteint d'un traumatisme crânien et tentant de contenir une diarrhée chronique avec une moue embarrassée. Mais il y a pire encore avec la présence surréaliste d'Andy Garcia cachetonnant sans conviction dans la peau du grand méchant. Il faut le voir, flinguant sa carrière en prenant une grosse voix et en faisant des pirouettes dans un costume piqué à un cosplay de San Ku Kaï, pour mesurer l'ampleur de la catastrophe.
On arrête là. C'est pas drôle de tirer sur une ambulance. Surtout quand elle tombe en panne à un feu rouge en pleine intersection.



