Balancés sans véritables bonus au sein d'une même galette comme pour en souligner la dimension cheap et opportuniste, les deux derniers volets de la franchise Death Wish s'adressent autant aux fans de Charles Bronson que ceux des productions Cannon et témoignent, sans panache mais non sans humour (involontaire), de la fin d'une époque.
Succédant à Michael Winner après trois films qui se seront employé à faire glisser le vigilante movie le plus tendu et ambigu qui soit vers l'actionner bis et délicieusement putassier, Jack Lee Thompson aborde Death Wish 4 - The Crackdown (alias Le Justicier braque les dealers, titre français pas piqué des vers) avec l'attitude d'un mercenaire vieillissant mais consciencieux. Pas question de faire de vagues. Si le public veut voir Charles Bronson sortir l'artillerie lourde pour combattre le crime, ainsi soit-il. Le seul changement notable tient à l'absence des déviances coutumières de Winner auxquelles le réalisateur des Canons de Navarone et de La Conquête de la planète des singes tourne le dos dès la scène d'ouverture, faisant de la désormais traditionnelle scène de viol un cauchemar sorti tout droit d'un slasher bien prude où une série de bourre-pif remplace poitrine dénudée et petite culotte arrachée. En résulte un plat bien moins épicé qu'auparavant, routinier et résolument tourné vers l'action lambda. Par le biais d'un scénario qui emprunte à Pour une poignée de dollars, Paul Kersey n'a plus grand-chose à voir avec le justicier un peu gauche des débuts et s'ingénie à monter deux barons de la drogue l'un contre l'autre, ressemblant désormais à un croisement moustachu de Batman et de James Bond, cachant une armurerie derrière son frigo, usant de gadgets comme une bouteille de Château Margault piégée, réchappant sans une cicatrice à tous les pièges et expédiant le grand méchant au lance-grenade. Rigolo, rythmé et plutôt bien troussé donc (Jack Lee Thompson a du métier), mais totalement hors-sujet et révélateur de l'impasse créative dans laquelle la franchise s'est enlisée.
Ni les faibles scores du Justicier braque les dealers au box-office, ni la faillite inévitable de la Cannon, ni la rupture avec Yoram Globus n'arrêtent pourtant Menahem Golan qui croit toujours en ses bonnes vieilles formules et tente de remonter la pente avec sa nouvelle compagnie, la 21st Century Film. Et le producteur de lancer un nouveau Death Wish sans même se soucier du ridicule d'une telle entreprise.
Golan envisage de réaliser le film mais se ravise et engage Steve Carver (Bulletproof avec Gary Busey et Henry Silva) qu'il débarque en pleine pré-production au profit d'Allan A. Goldstein, un des scénaristes. Tentant en apparence de renouer avec la méchanceté du premier volet, cette quatrième séquelle quitte la Côte d'Ouest pour retourner à New York (en fait Vancouver, budget oblige mais chut !), le scénario colle une nouvelle fiancée dans les pattes de Paul Kersey et lance les hostilités lorsque la donzelle incarnée par Lesley Anne-Down est défigurée puis abattue quelques scènes plus tard par un sbire de son ex-mari, un gangster pour lequel son interprète, Michael Parks, ne se donne même pas la peine de cabotiner. Au bout de cinq films, un tel point de départ vire inévitablement au comique de répétition et il aurait sans doute été préférable pour Paul Kersey de courir au monastère et de ne plus croiser le chemin d'une femme. D'ailleurs, à 73 ans bien tassés, Charles Bronson ne se donne plus vraiment la peine d'y croire et assure le minimum syndical. Un coup de poing par-ci, une roulade par-là. A peine plus doué qu'un réalisateur de soap-opera, Goldstein tente d'épater la galerie en collant des ralentis n'importe comment et n'importe où et ne lésine ni sur les boobs, ni sur la violence gratuite. Peine perdue puisqu'entre un mafieux qui s'étrangle avec des cannellonis empoisonnés et un autre qui se fait exploser un ballon de foot télécommandé à la gueule, on hésite entre franche poilade et consternation. Les plus indulgents pourront se réjouir du sort réservé à Michael Parks (dissout dans une cuve d'acide, oups !) ou de la ressemblance troublante entre un homme de main et notre Gérald Darmanin national. On se distrait comme on peut. Allez, hop, rideau !




