Il a réalisé Le Loup-garou de Londres, les Blues Brothers, Un Fauteuil pour deux, les clips de Michael Jackson Thriller et Black Or White ou produit Dream On.... Et tout cela a commencé avec Schlock. Un singe tueur. Et des bananes, beaucoup de bananes.
En réalité il faut remonter plus loin encore. A un gamin comme les autres qui découvre le 7ème voyage de Sinbad sur grand écran et décide de devenir réalisateur. Sauf que malgré sa cinéphile boulimique et son entrée dans le milieu comme cascadeur émérite (on le croise sur Il était une fois dans l'ouest, Mon Nom est personne ou L'Or se barre) et même comme assistant pas tout à fait officiel (sur De l'or pour les braves), John Landis n'a pas suivi le cursus officiel satisfaisant la réglementation du Directors Guild of America ce qui l'empêche d'accéder au poste convoité par le chemin officiel. Agé d'une vingtaine d'année, au pied du mur, il re rend compte qu'il suffit de réaliser un film pour devenir réalisateur. Il arrive alors à convaincre quelques copains et autres membres de sa famille (merci tonton) et réussit même à trouver le soutien de la légende du bis Jack H. Harris (Danger planétaire, 4D Man, Equinox), qui filera l'année suivante un autre petit coup de pouce à un certain John Carpenter pour son premier Dark Star. Un scénario écrit sur un bout de table, des figurants et acteurs généralement pas franchement professionnels, onze jours de tournage à la dure en pleine canicule historique... Le résultat est certes devenu culte avec le temps et a permis à Landis d'avoir une belle carte de visite pour son humour absurde, mais on est très loin du chef d'œuvre.
Voulu comme une parodie du foireux L'Abominable homme des cavernes (épisode un peu triste dans les carrières de Freddie Francis et Joan Crawford), Schlock est un hommage attendri au série B et Z, à un certain cinéma d'exploitation fauché et aux ersatz de King Kong, qui en reprend (volontairement et bêtement tous les clichés. Dialogues débiles et interminables, situations improbables, montage hasardeux, police incapable et scientifiques délirants, tout y est avec quelques grands moments ouvertement cons... en particulier lorsque les gags reposent sur le handicape de la pauvre lycéenne aveugle ou lorsque l'hommage à 2001 semble interminable pour mieux s'évaporer en eau de boudin. Et par une banane dans la tronche d'un figurant. Mais la frénésie à venir de Hamburger Film Sandwich ou la pertinence de sale gosse de ses grandes comédies des 80's n'a pas encore muri et clairement Schlock a souvent tendance à s'étirer en longueur, à jouer des coudes dans les côtes du copain d'à coté, avec un petit coté amateur pas forcément du meilleur effet. Un qualificatif que l'on ne peut certainement pas accoler au costume du singe en question, très impressionnant pour un film de 73 et de ce standing là. Une création mémorable due à un certain Rick Baker, dont c'était la première expérience professionnelle, et habitée par un John Landis extraordinaire dans son interprétation cartoonesque et sa pantomime irrésistible. Si le film lui permit en effet d'entamer une vraie carrière fructueuse et d'accéder au premier succès commercial avec American College, c'est inévitablement ce Schlockthropus romantique et musicien à ses heures qui reste dans les mémoires et qui va d'ailleurs devenir une apparition récurrente dans sa filmographie. Un petit moment d'Histoire. Un peu comme La Guerre du feu.



