Trouvant sans doute que, quelque-part, ses premiers débourrages «éroticos-exotiques» manquaient encore de saveur, Joe D'Amato ne quitte pas le soleil de Saint Domingue sans leur laisser sur les bras un Porno Holocaust devenu mythique par son titre, son mélange crado de cul et d'horreur, mais pas franchement pour ses charmes cinématographiques.
On peut voir la carrière de D'Amato comme une lente montée en puissance vers un cinéma de plus en plus extrême, profitant de chaque affaiblissement de la censure, pour revenir en mettre une couche supplémentaire dans les culs à l'air et les petits massacres entre amis. Pas étonnant en somme que cet esthète ait fini sa carrière dans le porno de luxe. Pas étonnant non plus qu'après Sesso Nerro, première incartade ouvertement hardcore, mister ait décidé de monter le niveau en parties de jambes en l'air et saillies gores avec Porno Holocaust, titre aussi opportuniste qu'assez clair sur le menu. Imaginé au départ comme un simple film d'horreur, faisant clairement office de brouillon à son futur Anthropophagous, le projet coécrit avec le copain George Eastman va finalement être modifié pour intégrer nombre de scènes pornos. Toujours le sens du bon goût, et surtout celui du commerce, rebondissant directement sur les succès de ses précédents Orgasmo Nero et Sesso Nero, pour obtenir un mélange des genres étonnant, assez délirant, mais complètement foireux. D'un coté on se demande toujours quand ces experts du nucléaire vont enfin se mettre à bosser, de l'autre quand le monstre mutant qui habite l'île va se décider à montrer son nez distordu. En gros on attend beaucoup. Et pour faire passer le temps le réalisateur enquille pour le moindre prétexte des séquences de culs basiques (c'est presque toujours les mêmes positions : « allez à quatre patte mémère ! »), mais surtout tristement exécutées.
Entre la mise en scène quasiment absente, la photo blafarde, et les actrices qui tripote les mandrins en faisant leur liste de course, y a pas franchement de quoi provoquer de petites chaleurs dans le bas ventre. Artisan /commercial pas franchement génial, mais toujours capable de relever ses plats industriels avec quelques friandises bourrines, Joe D'Amato se tourne clairement les pouces, suivants sans conviction son équipe d'acteurs à la masse, menés par Mark Shannon à la moustache drue et à la dégaine à coté de la plaque dont le seul but semble être de se taper tout ce qui bouge. Un peu comme le tant attendu mutant (qui a eu le temps de piquer un somme avant de voir la barque arriver), pauvre victime des tests nucléaires français (quel beau pays !) qui en plus d'un physique pas facile-facile doit survivre avec une troisième jambe encombrante. Forcément quand trois donzelles se lancent dans le nudisme libertin sur son territoire, le bougre voit rouge, élimine les mâles gênants et viole brutalement (plein cadre bien entendu) ou kidnappe les miss. Caméra vaguement subjective, troupe de héros qui ne trouve rien de mieux que se séparer au moindre bruit suspect et qui surtout préfère attendre les secours plutôt que de sa barrer vite-fait... Aucun cliché du mauvais film d'horreur ne nous sera épargné, avec en prime des effets sanglants quasi-amateurs et Mark Shannon et Annj Goren qui ne trouve rien de mieux que de s'envoyer en l'air entre deux découvertes de cadavres. Du grand n'importe-quoi qui s'achève sur un sublime happy end cul et cul-cul sur une barque amarrée à la plage alors qu'elle est censée être en pleine mer...
Catastrophique jusqu'au bout, Porno Holocaust ne doit finalement sa grandiose carrière qu'à sa rareté et quelques photos d'exploitations aguichantes, mais ressemble le plus souvent à un film de pote en vacances qui voulaient profiter du soleil pour s'amuser entre adulte. Mais résultat, même la plage est moche.





