Attendu sous peu comme un nouveau programme star de la chaine Netflix, October Faction se lit depuis 2014 aux USA et n'en est plus à son premier volume. Un retour vers le succès pour Steve Niles qui prouve qu'il n'est pas seulement le créateur de 30 Jours de nuits.
Une saga vampirique qui finirait presque par être handicapante pour l'auteur qui a eu bien du mal à imposer ses créations et ses projets depuis. Une malédiction (somme toute relative soit) qui s'est enfin achevée avec October Faction publication accompagnée une nouvelle fois par IDW, s'intéressant aux créatures de l'ombre, mais par le biais cette fois-ci d'une chronique familiale décalée. Plus que dysfonctionnelle, les Allan ont certes beaucoup de soucis à force de secrets et de rébellions hormonales mal digérées, mais ils sont surtout différents, en dehors des clous. Un peu comme une version modernisée et beaucoup plus sérieuse de la famille Addams. Pas de main qui galope sur le tapis ou de cousin Machin (quoi que ça pourrait venir), mais de nombreux cadavres dans le placard, un ancien collègue loup-garou et un ado colérique à la mâchoire de fer bientôt intégré à la bande malgré sa volonté d'étriper le paternel. Morts-vivants, vampires, démons, fantômes, savants fou et serial killer cannibales font clairement partie du décorum, mais à la manière de l'ancien soap Dark Shadows, car Steve Niles préfère se concentrer sur ses personnages plutôt que sur leur mission de chasseurs du surnaturel.
Les anciennes proies, les ennemis que l'on croyait enterrés - en l'occurrence ici une autre famille beaucoup plus scabreuse - servent surtout d'agitateur pour un couple qui s'est trop perdu de vue après avoir rangé le tablier, et leurs enfants (presque adultes) qui aimeraient reprendre sérieusement le flambeau. Entre drame intimiste gothique et farce noir au second degré presque poétique, Niles propose une nouvelle série beaucoup plus légère qu'il n'y parait finalement une fois les rictus et les monstres écartés. Relativement classique même, tant malgré une écriture nette et efficace, le lecteur se sent très souvent en terrain connu. D'autant plus lorsqu'il observe les planches du peu connu Damien Worm. Des pages aux contours noirs, aux couleurs sombres, aux arrières plans camaïeux et aux angles cassés, bousculés, qui résonnent directement comme des échos du travail de Ben Templesmith, créateur de Wormwood mais bien entendu resté pour beaucoup comme le peintre de 30 jours de nuit. Si l'on note des différences certaines, en particulier dans le rendu des personnages ici plus concrets, longilignes et sages, la recherche d'enveloppement du lecteur, de transport dans une réalité autre, est clairement équivalente.
Etrangement il y a quelque chosé de très accueillant dans October Faction, série domestique entre thriller, fantastique mais surtout comédie douce, où finalement malgré un bestiaire bien chargé, il manquerait juste une petite dose de folie, de glissements décadents, pour être hanté durablement.

