Scénariste du sympathique Chronicles, Max Landis revient aux comics après un excellent Superman Alien, pour s'embarquer dans un fantasme d'adolescent mélangeant chevaliers héroïques, voyageurs temporels et dinosaures. Un sacré mélange pour un album qui manie aussi bien la grande aventure que l'émotion la plus simple.
On adorait son père, réalisateur plus qu'attachant de quelques œuvres cultes comme The Blues Brothers ou Le Loup-garou de Londres, et on va clairement finir par s'attacher tout autant à Max Landis, scénariste assez doué qui se trimbale aussi bien du coté de la BD que du cinéma ou de la télévision. Alors que sa pétillante relecture des aventures de Dirk Gently vient d'être achevée par Netflix au bout de seulement deux saisons (bien chargées il est vrai), il est amusant de découvrir en retard cette minisérie en neuf chapitres, qui reprend à son compte ce mélange des genres et des tonalités si chères au modèle Douglas Adams (auteur du célèbre The Hitchhiker Guide to the Galaxy). Une certaine idée de la liberté narrative qui démarre donc comme une grande saga moyenâgeuse avec quatre héros de légende qui connaissent leur premier échec face à une armée de barbares plus malins qu'ils en ont l'air. Leur royaume en cendre, l'épouse de l'un d'eux enterrée dans les larmes, ils attendent la mort jusqu'au jour où un jeune page vient les engager pour venir mettre un terme au agissement d'un méchant magicien et de sa horde de dragon. Un sorcier qui s'avère un voyageur temporel, voleur et irresponsable, qui contrôle grâce à la science quelques dinos (raptors et T-Rex) récupérés lors d'un saut précédent.
Landis ne traite pourtant tout cela qu'avec un grand sérieux, crédibilisant l'improbable, et amenant peu à peu cette ultime chevauchée bourrée d'action, vers un charmant portrait de personnages abimés, luttant pour préserver leur amitié et retrouver une note d'espoir après ce deuil cruel (la dernière planche est tout de même très belle). Beaucoup d'action, de la SF dans tous les sens, quelques délires qui ne sont pas sans faire penser au Evil Dead 3 de Sam Raimi et à une certaine idée du divertissement made in 80's, Green Valley est un spectacle efficace et rafraichissant dont finalement les seules faiblesses se trouvent dans des illustrations qui manquent de caractère, de fougue et d'un petit grain de folie. L'italien Giuseppe Camuncoli plutôt efficace sur Spider-Man ou Star Wars: Dark Vador semble étrangement à l'étroit dans un découpage moins dynamique, plus européen, et surtout constamment abimée par une colorisation numérique sans nuance là où un rendu peinture aurait été largement plus approprié. Un habillage bien top sobre, trop propre pour une trame qui ne ménage ni ses effets de surprises ni ses personnages.

