Après avoir fait peau neuve, la collection Glénat Comics s'enrichit de nouvelles séries récentes, parmi lesquelles la dernière production d'Oni Press, qui dévoile aujourd'hui son intrigant programme.
La course aux étoiles, la recherche d'intelligences extraterrestres, les complots étatiques, et autres secrets gouvernementaux, les différentes thématiques abordées par ce premier volume (regroupant les six premiers épisodes de la série) de Letter 44 n'ont rien de bien originales, aussi bien pour l'amateur de comics que pour le fan de science-fiction «réaliste». Pourtant, et il s'agit peut-être de la grande force du récit, c'est bien dans son utilisation sans complexe des fondements du genre que le scénario de Charles Soule parvient à rendre intrigante les exactions de cette poignée d'hommes et de femmes (deux présidents des États-Unis, un mystérieux tueur à gage, l'équipage du Clarke) englués dans une intrigue que n'aurait pas renié les scénaristes des séries télévisées Fringe et son ancêtre X-Files. Scénariste peu reconnu, habitué à travaillé chez les cadors de l'industrie (Swamp Thing et Superman/Wonder Woman chez DC, Miss Hulk, Les Inhumains et La Mort de Wolverine pour Marvel), Soule livre une première salve d'épisodes rythmés et riches en idées faisant mouche (la relation entre les membres de l'équipage du vaisseau, assez particulière quand on y pense), que relaye avec énergie, mais sans réel génie le dessinateur inconnu Alberto Jiménez Albuquerque.
Si on peut lui concéder un réel panache pour illustrer les séquences les plus mouvementées (une scène de sexe en apesanteur, l'assaut de la planque de l'ancien président, la découverte de la planète extraterrestre - que l'on pourrait croire sortie d'une planche de l'excellente série Black Science), Albuquerque semble malheureusement moins à l'aise avec les passages plus intimes, ainsi qu'avec le dessin en général des figures humaines. Il confère ainsi au récit de Soule un aspect légèrement caricatural qui en affaiblit les évidentes qualités. Quand bien même sa mise en page, son découpage et un certain sens du rythme parviennent à éviter l'écueil complet du «c'est sympa mais c'est moche». Car par son mélange de thriller paranoïaque, de science-fiction crédible et ses personnages toujours très humains (donc faillibles, à l'instar de ce « héros » loin d'un président à la Independence Day), cette nouvelle série finit par se savourer sans déplaisir. Affaire à suivre, donc, même si l'on peut espérer un dénouement rapide, et non pas une série trainant sur la longueur.

